Retrait de nos projections

"Je veux devenir tout pour toi" et "je veux que tu deviennes tout pour moi" : on aime l'autre mais on ne s'aime pas

Etre amoureux(euse) et soudain la vie nous apparaît merveilleuse. L'autre est un magnifique miroir qui nous renvoie, enfin, l'image idéalisée de nous-même. L'autre devient alors indispensable et il ne faut surtout pas le perdre !

Au fil du temps, cet attachement devient une prison pour l'un ou pour l'autre car la peur de la perte fait que l'on va contrôler, exiger, suivre et, finalement, étouffer le couple. La vie du couple perd peu à peu toute sa saveur.

La crise du couple nous indique parfois qu'il est important de s'aimer mieux pour aimer mieux. Regarder l'autre ne devrait plus être chercher son reflet et sa propre valeur mais regarder simplement l'être en face de nous. Aussi, apprenons à nous aimer et à sentir en nous notre valeur : combler son vide intérieur devient une des conditions à un couple où chaque identité peut s'exprimer.

Idéalement, la trajectoire de l'amour va du "jeu t'aime et je ne peux pas me passer de toi parce que en réalité je ne m'aime pas et que j'ai besoin que tu me confirmes ma valeur" à "j'aime que tu sois là, mon amour, j'aime que tu existes et je n'ai plus besoin que tu me confirmes sans cesse ma propre existence." Guy Corneau, N'y a-t-il pas d'amour heureux ? pg 300-301, ed Robert Laffont

 Travailler sur nos attachements, même ceux qui détruisent, c'est décider de retrouver son pouvoir personnel et accepter de voir son ombre et sa lumière. Parfois, ce que l'on n'aime pas chez l'autre est cette partie de nous-même que ne voulons pas voir : l'autre devient le bouc émissaire de la haine que nous nous portons (ou des traits de caractère de nous non acceptés).

Pour comprendre le jeu des projections, voici une illustration donnée par Guy C. N'y a-t-il pas d'amour heureux ? :

"Elle trouve que Lui est vraiment infirme quant à l'expression de ses sentiments. Elle souffre de son silence et le rend responsable de la détérioration de leur relation. Sa première attitude est accusatrice. Elle demeure en projection active, sans avoir fait son propre examen de conscience.

Le retrait de sa projection va connaître plusieurs étapes et l'amènera à constater comment elle contribue à la dynamique de cette situation. Par exemple, est-ce qu'elle accepte ce que son partenaire lui dit quand il exprime ses sentiments ? Est-ce qu'elle émet rapidement des jugements sans jamais le laisser aller au bout de son émotion ?

La seconde étape du retrait des projections consistera à chercher en elle-même comment s'exprime sa propre infirmité par rapport au partage des sentiments. Elle peut alors découvrir que, dans certains cas ou par rapport à certains sentiments, elle apparaît fort handicapée elle-même. La constatation d'une blessure similaire chez elle lui permettra déjà de bâtir un pont vers Lui et de trouver la base d'entente.

La troisième étape consiste à comprendre comment sa vision des choses est préconstruite par une réalité antérieure. Elle prend alors conscience des arrière-plans de son irritation. Si en tant que petite fille elle se sentait responsable des silences de son père et craignait ses colères, elle peut très bien être en train d'aplliquer le même schéma à la situation qu'elle vit avec Lui.

Pour aller plus :

- La communication non violente, Marshall Rosenberg

- Pour trouver la joie et l'amour en soi - Cecle de femmes : Entr'Elles.