Que serais-je sans toi

J'ai trouvé un texte de Claude Marc Aubry sur la dépendance amoureuse, extrait du livre "Heureux en Amour" paru aux Editions Flammarion

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Qu'est-ce que la dépendance ?

Au début c'est la relation normale du nouveau né avec le monde qui l'entoure. Le bébé est totalement dépendant pour sa survie de ses parents ou des personnes qui l’élèvent. Son besoin d’eux est vital, non seulement sur le plan physique, car ils lui apportent la nourriture et les soins nécessaires sans lesquels il périrait, mais encore parce qu’il dépend d’eux d’une manière tout aussi essentielle sur le plan affectif et relationnel. Le bébé ne se développe bien et ne s’épanouit que s’il reçoit les contacts du regard, du toucher et de la caresse. Ils lui sont indispensables, et s’il en est privé, il dépérit. Ces nourritures affectives sont vitales pour lui, et il s’attache aux personnes qui les lui prodiguent. C’est pourquoi en grandissant, le jeune enfant, tout au long de son évolution, a besoin d'être écouté, touché, regardé avec attention. Déjà le philosophe Hegel avait dit : « Il faut, pour le moins, être deux pour être humain ».

Et selon un psychologue américain, William James, il n’y aurait rien de plus douloureux pour un être humain que de devenir parfaitement invisible pour ses semblables ! Chacun d’entre nous a besoin en tout premier lieu, dés son plus jeune âge, qu’on lui parle. La parole d’autrui véhicule bien entendu des informations mais elle témoigne aussi de l’intérêt qu’il nous porte en s’adressant à nous. De surcroît, à tout âge, le fait d’être regardé avec attention nous donne le sentiment de notre importance. Il en est de même pour le plaisir d’être écouté,  et bien entendu d’être touché. L’enfant, l’adolescent et l’adulte vont s’attacher naturellement aux personnes qui leur témoignent ces marques d’attention qu’on appelle « Strokes » en Analyse Transactionnelle.
 
C’est au cours de l’enfance et de l’adolescence que se manifeste sans doute  de la manière la plus intense le besoin de se sentir reconnus et encouragés dans notre personnalité avec toutes nos différences et particularités. Quand les yeux de l'enfant rencontrent le regard admiratif de sa mère ou de son père, il est radieux ! ...Quand il entend la voix émue de sa mère qui l’appelle, c'est le bonheur...

Mais pour certains d’entre nous, malheureusement, nous n’avons pas reçu suffisamment ces marques d’attention essentielles, sans doute parce que nous ne répondions pas à l’image que nos parents se faisaient de nous dans leurs fantasmes, et à ce qu’ils attendaient de nous !

 Un manque de reconnaissance  et un amour insuffisant créent une carence, un manque à combler qui exacerbera dans les années à venir de l’adolescence et de la vie adulte le besoin d'attention c'est-à-dire d’être regardé,  d’être écouté, d’être touché etc...

Un exemple de cette carence nous est donné par l’histoire de Michel :

Sixième et dernier enfant de la fratrie, il s’est toujours senti le vilain petit canard dans sa famille. Sa mère, fatiguée par ses grossesses successives, ne désirait pas un autre enfant, cinq lui suffisaient largement. Et Michel a toujours eu le sentiment d’être de trop. Sa mère ne s’est pas occupée de lui. Elle avait suffisamment à faire avec les aînés. Quant à son père, il rentrait tard du travail. Placé chez sa grand-mère à plusieurs reprises, Michel en garde un souvenir amer. C’était, raconte-t-il, une femme froide qui ne lui manifestait aucune affection : jamais pris dans les bras, jamais cajolé, jamais embrassé !  Elle le laissait régulièrement à s’occuper et se morfondre seul dans sa chambre. Quand il avait quelque chose qui le préoccupait, elle lui disait de se débrouiller tout seul. Elle ne l’encourageait jamais pour quoi que ce soit. Tout au long de son enfance et de son adolescence Michel s’est senti la plupart du temps abandonné et perdu. Quand il a rencontré sa future femme Maryse, il a cru être arrivé à bon port et qu’elle pourrait lui apporter tout l’amour qu’il n’avait pas reçu. Mais Michel en demandait trop, et avait peu à donner. De plus, n’ayant pas suffisamment confiance en lui pour jouer son rôle d’homme, il attendait passivement que Maryse prenne les décisions pour leur vie de couple. Et pour couronner le tout, il ne se préoccupait guère des besoins de sa femme, mais bien au contraire, il s’attendait à ce qu’elle joue sans cesse le rôle d’une confidente auprès de qui il recevrait l’attention et la reconnaissance dont il avait cruellement manqué durant tant d’années.

 Nous avons dit que le petit enfant a besoin pour survivre de compter suffisamment dans le regard de l’autre. Aussi le manque de reconnaissance, dans l’enfance et dans l’adolescence, prépare-t-il le terrain à la Dépendance dans la vie adulte : on souffre alors d’une soif excessive d’être remarqué et de compter pour quelqu’un ! Dés lors ce que l’on vit régulièrement c’est de se sentir si bien, et si heureux chaque fois que l’on reçoit suffisamment d’attention, et si mal lorsqu’on en manque…

Vous trouverez l'intégralité de l'extrait sur la dépendance amoureuse sur le site de Claude Marc Aubry  en cliquant sur le lien suivant